![]()
Ne te découvre pas d’un fil, l’adage bien connu, ne concerne que l’homme, la faune présentement éveillée fait plutôt le contraire. Les serpents changent de peau, mais ils n’ont pas l’exclusivité de la mue, la plupart des mammifères modifie leur habit. Même si la température retombe, ils prennent de l’avance sur les normes probables, parce que le leur dicte un instinct prémonitoire. Le pelage diffère ; les fourrures se font moins épaisses. Là, ou les hermines comme les lièvres variables ont dû blanchir pour passer inaperçus, sur tapis de neige, la structuration de la nouvelle pelisse est en cours. La belette prend une tenue plus légère et celle du chevreuil devient moins fournie en virant au roux. Chez les oiseaux, certaines données diffèrent. Le plumage en cours de transformation du lagopède alpin s’adapte au changement de décor pour plus de sécurité. Quelques tenues somptueuses prennent une plus large signification. Il s’agit dorénavant de plastronner et de s’affirmer, en gloussant et en se pavanant, le plumage gonflé, du haut de sa fatuité conquérante, quand on est coq faisan. Le tétras dans sa solennité Les coqs de bruyères sont sortis de l’ombre pour entrer en amours solennelles. La grandiose prestation du géant de la famille, le Grand tétras, est sans aucun doute, à cet égard, la plus impressionnante. Après des mois et des mois d’anonymat, il connaît des heures fastes dans ses ultimes refuges pyrénéens, vosgiens et jurassiens. Se voulant irrésistible, dans une trouée de son séjour boisé, le mâle au plumage en triomphe avance vers le bonheur, comme en extase, la queue dressée en éventail à la façon d’un paon. Ce maniaque du retirement le reste du temps se montre pour plaire, pour séduire irrésistiblement, en espace nu, la tête haute, le bec entrouvert dans le plus grand apparat et en lançant de bizarres gloussement intermittents. Sa démonstration s’effectue dans une sorte de petite clairière ou il sait pouvoir y trouver des poules correspondant à ses désirs, mais aussi sans doute des concurrents décidés. Dans son excitation, le grand tétras est alors capable de toutes les audaces en cette arène aux approches de laquelle il lance, dès avant l’aube, son impérieux appel.
Bouquetins en fringale Encore groupés, leurs troupes affamées, éprouvées par les privations de l’hiver, s’emploient à tirer parti d’un ensoleillement plus aimable. Leur pelage d’hiver commence à se détacher en touffes. Cette mue s’accompagne de démangeaisons, si bien que, de temps en temps, les ongulés se grattent en se servant de leurs cornes et je les ai vu plusieurs fois se laisser glisser sur le côté et se frotter les flans dans la nouvelle herbe encore rase, servant de peigne. On rencontre souvent des bouquets de poils en se baladant, à cette période, dans ces contrées alpines.
![]()
Photo: Michel Gigon
Photos: André Calame
![]()
![]()
Photo: Frédy Grosjean
![]() ![]()
Photo: Béat App
![]()
Photos: André Calame
Photos: André Calame
Marmottes, loirs, escargots ressuscités. Sur les pentes alpines, les marmottes en ont assez de l’immobilité sommeilleuse. Enfin sorties de terrier, elles ont pris les premiers bains de soleil de leur saison de lumière, agrémentées dans l’herbe tendre où la neige s’est restreinte de repas en plein air. Les escargots ont bien fini d’être pétrifiés sous des voûtes, dans des cavités, des encoignures. De nouveau, aux heures fraîches, ils sécrètent de la bave, déploient leurs « cornes » et rampent sur la végétation au risque de se faire agresser par des hérissons ou des carabes.
![]()
![]()
Photo: Jean.Michel Progin
![]() ![]()
La nivéole de
printemps pousse naturellement sur les pentes ombragées et dans les
bois, de l’Europe centrale aux Pyrénées. Avec les crocus et les
perce-neiges, elle annonce l’arrivée du printemps.
Photos: André Calame (31.03.07)
Le Ciel d'avril 2007
Prochain rendez-vous en Mai |