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Centre d'Etude et de Protection des Oiseaux, Bienne et environs

Le CEPOB en visite chez un agriculteur 2023 :

 

13 mai 2023
Excursion ornitho-agricole dans la région de Perrefitte avec visite de la ferme de Martin Kohli,
président de la Chambre d’agriculture du Jura bernois

À la suite du débat télévisé ApériCIP organisé en 2022 à l’occasion de notre jubilé de 40ans, rendez-vous avait été pris avec Martin Kohli pour prolonger ce débat entre agriculture et nature sur le terrain et au domaine agricole. La météo quelque peu maussade de ce samedi n’a pas entamé l’enthousiasme de la dizaine de participant-es à cette excursion au départ de Perrefitte.

Nous avons commencé cette balade par les prairies et pâturages du Rond Pré, dans le fond du vallon. La très faible diversité d’espèces végétales est frappante dans ces prairies fortement engraissées sur des sols profonds, constitués des limons issus de l’érosion du versant à la fin de la dernière glaciation. La structure bocagère du lieu reste néanmoins intéressante, avec une haie le long du ruisseau descendant des Neufs Prés, même si celle-ci est formée essentiellement d’arbres et d’arbustes n’ayant plus été taillés depuis longtemps, ce qui en diminue l’attrait pour les oiseaux nicheurs. Outre le Pinson des arbres, le Bruant jaune, la Fauvette à tête noire et le Pouillot véloce profitent de ces structures boisées et nous font entendre leurs chants.

En traversant le domaine des Neufs Prés, nous ajouterons le Moineau domestique et le Rougequeue noire à nos premières observations de la matinée, avant de traverser la route cantonale et de grimper le coteau au pied de la forêt du versant. Changement d’ambiance : dans une zone fortement éclaircie par une récente coupe de bois, où le rajeunissement naturel laisse pousser de jeunes feuillus de diverses espèces, nous retrouvons le chant du Pinson des arbres, bien sûr, mais découvrons aussi ceux des Roitelets huppés et à triple bandeau, du Grimpereau des jardins, de la Grive musicienne, du Merle noire et d’un groupe de Chardonnerets de passage. Et comme la zone est pâturée et présente la structure d’un pâturage boisé, un Pipit des arbres lance son chant du sommet d’un arbre.

Du groupe de Pins sylvestres installés sur l’arête rocheuse qui domine la route, nous parvient le chant du Pouillot de Bonelli, annonciateur de la nature plus sécharde du milieu au pied du versant de la Forêt du Droit. Et effectivement, en débouchant dans le pâturage en lisière de forêt, au-dessus de La Bergerie, le changement de type de végétation est frappant. Nous voilà en plein dans une prairie-pâturage sécharde, dominée par les tiges éparses du Brome une végétation herbacée très rase. Ici les conditions sont nettement plus rudes que dans le fond du vallon: les sols sont très superficiels et formés d’éboulis calcaires qui ne retiennent que très peu l’eau sur un versant bien exposé au sud. S’ensuit une discussion intéressante entre les participant-es à propos du rôle de la géomorphologie mais aussi du bétail sur le contrôle de l’évolution de la végétation, garants de la plus grande diversité d’espèces que l’on peut rencontrer dans de tels milieux. Mais évidemment, pas de quoi nourrir des vaches laitières sur ces prairies.

De retour au fond du vallon, nous entamons notre remontée des Gorges de Perrefitte, creusée par la Chalière, Nous voilà encore transportés dans un autre monde, où les cascades bouillonnantes animent la forêt formées d’arbres aux troncs couverts de mousses. Le Cincle plongeur fait une brève apparition, tout comme une Bergeronnette des ruisseaux. A la sortie des gorges, nous marquons un temps d’arrêt à la Fontaine des Fées, une source aux eaux particulièrement limpides et qui a longtemps servi à abreuver les chevaux, au temps où ceux-ci n’avaient pas encore été remplacés par des automobiles.

Un dernier effort dans la forêt de pente de l’Envers nous amène en lisère du domaine de Plain Fahyn où nous attend notre hôte du jour, Martin Kohli. Un couple de Faucons crécerelle a élu domicile sous le toit de la grange et profite du nichoir à Chouette effraie qui avait longtemps été occupé par cette espèce aujourd’hui devenue extrêmement rare.

Le domaine de Martin Kohli occupe un terrain où l’on retrouve les sols profonds, rendus fertiles par les limons accumulés au pied du versant. Le sous-sol formé d’éboulis a subi des glissements qui ont donné à la topographie des lieux un doux modelé tout en arrondis. Le domaine agricole est orienté vers la production laitière pour la fabrication de la Tête de Moine et par conséquent les prairies fourragères dominent. Les impératifs de la production obligent l’agriculteur à semer périodiquement un mélange de graines pour assurer des rendements suffisants, ce qui implique en principe de labourer le sol. Pour éviter ce travail destructeur de la structure du sol, Martin Kohli pratique désormais une exploitation dite « simplifiée », avec un sursemis des graines sur un sol mis à nu par l’épandage d’un herbicide tous les 5 à 6 ans. On n’a rien sans rien.

S’ensuit une discussion fort intéressante sur l’évolution de l’agriculture et de l’avifaune dans le Jura bernois, avec la disparition en un peu plus de 30 ans d’espèces telles que le Tarier des prés, le Pipit farlouse, et bientôt de l’Alouette des champs et du Pipit des arbres, signes évocateurs, et visibles, de la diminution drastique de la biodiversité dans nos contrées. Mais comment nourrir une population passée de 4.5 millions d’habitants au mitan des années 1950, considérées comme une période où la biodiversité avait atteint un maximum sous nos contrées, à presque 9 millions aujourd’hui ? La voie est très étroite pour les agriculteurs, soumis à des contraintes très exigeantes. Ainsi, on peut s’étonner et regretter l’absence de la flore ségétale, coquelicots et bleuets en tête, dans les champs de céréales, mais comment faire lorsque l’on apprend que, dans les céréales panifiables telles que l’épeautre cultivé par Martin Kohli, la présence d’autres graines que celle de la céréale panifiable conduit à un refus de la marchandise de la part de la meunerie ?

Le débat fut donc nourri, et loin d’être terminé, à l’abri de la pluie sous la tonnelle du jardin, sous les allées et venues des Hirondelles de fenêtre nichant sous l’avant-toit de la ferme. Un tout grand merci à la famille Kohli pour son accueil chaleureux !

Philippe Grosvernier

 

 

photos : Claude Wehrli


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photos natel : Claude Wehrli


Fontaine des Fées

 

 

 

 


 
 
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